La victoire pour concrĂ©tiser (đčđż Rally of Tanzania)
Peu de rĂ©pit pour le copilote globetrotter. A peine 1 semaine aprĂšs avoir enchainĂ© les rallyes de Zambie et d’Europe Centrale en WRC, le voilĂ reparti pour la derniĂšre manche de la saison en ARC. Jules dĂ©barque Ă Dar es Salam, la plus grande ville du pays situĂ©e sur la cĂŽte est du pays, le mardi 7 Novembre tard dans la nuit. Il lui aura fallu 45min pour effectuer un petit kilomĂštre Ă vol d’oiseau entre son hĂŽtel et l’aĂ©roport tellement la route Ă©tait dĂ©foncĂ©e et encombrĂ©e.
Mercredi 8 Novembre
Retour Ă l’aĂ©roport pour embarquer dans un coucou de 15 personnes. Et pour cause, les quelques passagers font une escale dans un parc national et la piste est donc une fine bande de terre Ă peine damĂ©e et un refuge pour phacochĂšres et autres antilopes. Sensations garanties. RedĂ©collage, survol du parc et atterissage final Ă Iringa (et non pas Hiringa), qui sera la ville centrale pour le rallye. RĂ©cupĂ©ration de la voiture de course et direction l’hĂŽtel, idĂ©alement situĂ© en pĂ©riphĂ©rie de la ville et pour admirer un magnifique coucher de soleil.

Jeudi 9 et Vendredi 10 Novembre
Le format reste classique: vĂ©rifications administratives puis enchainement avec les reconnaissances qui dĂ©marrent Ă 12:00. Un long routier de 100km (en Afrique ce genre de distance peut prendre des heures) les amĂšnent vers les 2 ES du dimanche: » Deux profils bien diffĂ©rents pour ces spĂ©ciales de 17 et 26km. Un sol particulier, assez compact, dur, de la forĂȘt. La plus courte Ă©tait assez simple mais la seconde sera un vrai challenge avec des piĂšges, des changements de rythme. On en termine assez rapidement et retour Ă Iringa. Le lendemain on s’attaque aux chronos du samedi, complĂ©tement diffĂ©rentes d’hier. On navigue dans une grande ferme de la compagnie ASAS, partenaire principal du rallye. Un sol trĂšs meuble et une succession de ligne droite et de virages Ă 90°. Pas aussi inintĂ©ressant que ça laisse le supposer et une mise en bouche pour le dimanche. Pour en terminer, nous avons la cĂ©rĂ©monie de dĂ©part dans le stade de la ville sous un soleil de plomb. »

Samedi 11 Novembre
Contrairement aux autres Ă©preuves du calendrier, en Tanzanie toute la partie course se dĂ©roule lors des deux derniĂšres journĂ©es. Free practice et Qualification le samedi matin, puis les concurrents enchainent avec les spĂ©ciales: « J’apprĂ©cie ce rythme plus soutenu, un peu comme en championnat de France sur terre, ça permet d’avoir une journĂ©e plus pleine et de s’Ă©chauffer pour les vraies ES. La qualification se courrait sur une partie de l’ES2 et nous rĂ©alisons le second temps. A la surprise gĂ©nĂ©rale, on choisit de partir premier sur la route car le sol est trĂ©s meuble et il allait trĂšs vite se dĂ©grader. Karen Patel, le favori, a choisi de s’Ă©lancer en 3Ăšme position. Je peux vous dire que partir 1er en Afrique c’est quelque chose, aprĂšs ça on peut ouvrir la route n’importe oĂč ! Nous rĂ©alisons les 2 premiers scratchs avec une belle attaque, ce qui nous permet de disposer de 43s d’avance en seulement 17km ! On a trĂšs vite compris que Karan n’allait prendre aucun risque sur cette derniĂšre Ă©preuve. Une place sur le podium lui suffit pour ĂȘtre titrĂ©. Alors on bosse sur le setup et les notes en prĂ©vision de 2024. A la fin de cette premiĂšre Ă©tape nous menos avec 1’10s d’avance sur Karan. »

Dimanche 12 Novembre
DerniĂšre Ă©tape de l’annĂ©e en Afrique. Les concurrents partent du parc Ă 6:30 pour effectuer les 100km de liaison jusqu’Ă la forĂȘt de Sao Hill. Jas et Jules commencent dĂ©jĂ Ă gĂ©rer leur avance mais la journĂ©e est encore longue: » Dans la premiĂšre, on met du rythme pour valider que le setup fonctionne. Dans la plus longue ES, on dĂ©cide par contre d’adopter la philosphie locale, en mode plus cool. Cette stratĂ©gie fonctionne jusqu’Ă l’ES10, Ă 6km de l’arrivĂ©e oĂč on a la sensation d’avoir crevĂ© Ă l’arriĂšre gauche. On termine en baissant fortement le rythme et c’est Ă l’assistance qu’on dĂ©couvre que c’est une rotule qui est HS. L’Ă©quipe la change sans soucis mais dans l’ES11 c’est un dĂ©sastre, on prend les butĂ©es Ă chaque dĂ©formation, Ă chaque trou. Le problĂšme viendrait donc de l’amortisseur lui mĂȘme. Je peux vous dire que 26km sur 3 amortos, c’est long, trĂšs long ! Mais nous sommes Ă l’arrivĂ©e et remportons ce rallye largement. PremiĂšre victoire pour moi en ARC, 3 podiums en 3 courses, une belle satisfaction ! »

Lundi 13 Novembre
Cette fois, Jules peut souffler et n’a pas besoin de courir aprĂšs le prochain avion. Retour sur Dar es Salam avec la ligne rĂ©gional mais sans escale dans le parc national. DerniĂšre aprĂšs midi avec Pierre, l’ingĂ©nieur et Kalin le mĂ©canicien. Les compagnons d’infortunes dans cet enfer routier qu’est la Tanzanie: 2h pour faire 20km dans un confort plus que prĂ©caire et harcelĂ© par des vendeurs ambulants. Jules voulait ĂȘtre depaysĂ©, il ne pouvait pas espĂ©rer mieux !

Je laisse Ă Jules le mot de la fin: Merci d’avoir retranscrit mes notes de voyage et de faire partager cette superbe expĂ©rience aux lecteurs. En espĂ©rant pouvoir inspirer dâautres pilotes, copilotes, mĂ©canicien(nes), ingĂ©nieur(e)s, ou coordinateurs(-trice) Ă oser faire le pas vers ces championnats mĂ©connus !
Sources:
- Photos: Pili Pili Rally Team
- Résultats: eWRC
Catégories
hiringa25 Tout afficher
Câest en feuilletant un vieux magazine de lâannĂ©e 1994, que mon attrait pour le rallye a commencĂ©. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que jâaperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rĂȘver. Depuis, cette discipline hors normes Ă guider ma vie, sous diffĂ©rentes formes, et jâai dĂ©sormais la chance dây travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.
