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Jour 6 (Monte Carlo 2024): Etape 2 – Vendredi

La nuit fut courte et cela n’ira pas en s’arrangeant, Monte Carlo oblige. La météo est toujours aussi clémente mais les températures fraiches de la nuit ne nous facilite pas la tâche. Nous savions que dans les conditions annoncées, sans neige ou sans pluie, le parcours serait encore plus imprévisible et traitre, d’une part pour les conccurents mais à juste titre pour nous. Nous restons de toute façon sur notre ligne de conduite: la sécurité avant tout donc les neige feront très bien l’affaire. Après avoir passé la Box 25 p76 du roadbook, la case qui donne faim, nous patientons au départ d’Ancelle pour un nouveau problème indirect de spectateur. Chute ou plus grave, nous n’avons pas de précision mais Magalie et Patrick de la 00 attendent le feu vert pour décoller car l’ambulance n’est pas encore sortie de la spéciale. A nouveau, ce décalage nous impact directement mais pas les concurrents ni le direct TV, donc nous perdons 2min de marge qui ne devraient pas être un problème cette année.

On commence à bien connaitre cette ES, encore plus depuis que le nouvel opus d’EA WRC est sorti puisqu’elle est très fidélement intégrée au jeu. Grâce aux informations de nos anges gardiens (nous n’avons pas d’ouvreur personnel mais nous profitons des amis pour avoir des informations globales sur chaque ES), nous savons que les premiers pièges débutent une fois le bas de la station passée et lorsque l’on attaque le Col de Moissière. Un peu de spectacle dans la première épingle bien verglacée et surtout dans le droite avant le col qui en aura piégé plus d’un. Avec notre marge et les neige, nous avons pu anticiper le manque de grip pour ne pas nous retrouver comme les autres dans le bas côté. La descente dans la forêt sera finalement moins complexe qu’en recos et la dernière partie un véritable toboggan. A l’arrivée je contrôle les pressions et l’état des pneus qui auront un peu souffert.

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Direction Champcella, loin au nord. Une coupure franche dans le rythme de la journée. Peu avant de passer l’arrivée du chrono de l’ES4/7, la voiture nous envoi une première alerte: le moteur manque de puissance et change de sonorité. On s’arrête assez vite pour effectuer un reset classique. Au redémarrage tout rentre à la normale mais nous informons l’équipe de ce qui vient de se produire. Cette spéciale est assez technique avec pleins de portions différentes, souvent sur un filet de goudron avec le vide à gauche et la montagne à droite. Dans ce sens, le paysage devant nous est spectaculaire car tout est dégagé, on a l’impression de s’envoler vers les montagnes qui entourent Serre-Ponçon avec rien sous les roues. A l’arrivée, nous nous arrêtons près de Marc et Jonathan qui sont en discussion avec Paul Fraikin, une concentration de passion au mètre carré.

Dernière spéciale de la boucle, l’ES5/8/15 de la Bréole – Selonnet. Là encore, un chrono bien connu, dans différentes versions, de jour, de nuit. C’est aussi la spéciale la plus proche pour une partie de ma famille qui vit du côté de Seynes et que je croise à cette occasion. Depuis ce matin, on ressent à la radio une tension constante pour maitriser l’afflux de spectateurs et leurs placements. Au moment de se casquer, il y a toujours des points critiques donc on s’attend à avoir un peu de travail. Malheureusement, après 8,9km exactement, notre progression est stoppée nette par une rupture mécanique. Nous sommes en descente et le moteur n’entraine plus les roues. Les vitesses passent mais nous sommes en roue libre. La Toyota Yaris version caisse à savon. Nous n’hésitons pas longtemps et nous nous garons dans la première zone visible en sécurité. Pendant que Florian tente de comprendre, je préviens la direction de course que nous rencontrons un problème, que nous ne gênons pas mais que nous ne pouvons pas repartir. Rapidement, nous comprenons que nous ne pourrons rien faire sur place et nous confirmons notre arrêt pour le moment. Etant donné que la première voiture n’était pas encore partie, le directeur d’épreuve décide d’envoyer notre doublure, la 0 spare, pour ouvrir la spéciale à notre place. Ce n’était plus arrivé depuis 2021 lorsque nous avions cassé un cardan sur la ligne de départ à Puget Thénier lors de la dernière journée de course. On passe des coups de fil à l’équipe, j’ai le responsable sécurité qui me pose quelques questions mais nous sommes impuissants. Peu de temps après nous commençons à recevoir des messages de nos proches qui ont entendu que nous étions apparement sortis et pour cause: c’est malheureusement Marc et Jonathan qui se sont fait piéger à 4km de l’arrivée dans une zone verglacée que nous ne pouvions pas prévoir sans ouvreurs.

Plus de 0, l’improbable c’est produit. La course est quand même partie mais l’équipe sécurité perd d’un coup les deux voitures #0 et cherche des solutions. Pendant ce temps, bloqués à 800m d’un croisement pour sortir de la spéciale, nous devons attendre le passage du dernier concurrent pour être évacués. Forcément frustrés avec un sentiment d’inutilité, les quelques spectateurs présents nous prennent en pitié et nous offrent à boire et un sandwich pour patienter au soleil. Cela aurait pu être pire c’est certains. Encore un grand merci à vous. Nous trouvons même le moyen de croiser le pilote japonais Suguru Kawana, déjà vu en France en 208 Rally4, et Gilbert Magaud venu en voisin. Après 1h30, nous avons l’autorisation de rejoindre le croisement pour évacuer. Il nous aura fallu un peu de bras pour sortir de ce champ boueux mais une fois lancé dans la pente, nous avons pu rejoindre le point d’extraction sans difficulté. Nous attendons l’équipe sous le regard curieux des spectateurs qui quittent la spéciale. Questions, photos et même une petite démo de ventriglisse !

L’équipe charge la voiture et nous retrouvons Marc et Jonathan à l’arrivée avec l’autre voiture et le reste de l’équipe qui tente de répararer sur place. Pour nous il faudra retourner à l’assistance car nous pensions au départ qu’il s’agissait de la boite ou de l’embrayage. Notre voiture sert alors de donneuse d’organes pour remplacer le demi train avant gauche et le parechoc de nos amis belges. Après un peu de boulot, ils peuvent finalement repartir pour ouvrir la dernière spéciale du jour, la 8. Finalement, Patrick et Magalie ont troqués leur 00 pour un 0 (que nous avions anticipé) et la caravane s’est réorganisée pour leur permettre de disposer de 15min de marge. Il faut rappeler que contrairement à nous et Marc Duez, la 00, la 000 et la voiture de Michelle Mouton sont des voitures d’origine donc pas d’arceau, des pneus de série, pas de casque car ils ne sont pas censés rouler à vitesse élevée. Seule la 00 dispose également de notes mais pour la petite histoire, Patrick Henry a été sévérement malade depuis dimanche et il n’a pas pu prendre part aux reconnaissances. Magalie a alors fait la 2nd journée de prise de notes à l’arrière du Rav4 de Marc et Jonathan et a dû improviser pour que Patrick puisse comprendre leurs significations. Des fois, la loi des série …

Donc, la 0 spare de la 0 spare a dû ouvrir l’ES6 et 7 dans ces conditions et surtout ne pas se faire rattraper, sans pour autant supprimer le rôle capital de la 00. Bref, le boulot de 2 voitures sur des spéciales très chargées en spectateurs. Chapeau à tous les deux. L’ES8 s’est passée sans encombre cette fois pour nos belges et ils ont pu rejoindre l’assistance pour checker que tout était ok. Nous concernant, en commençant le démontage, ils se sont vite aperçu que c’était le cardan droit qui avait cédé côté boite. Sur cette auto quasi d’origine, la casse d’un cardan avant ne nous permet pas de continuer en propulsion, dommage. Mais au moins plus de stress que de mal, le cardan est vite remplacé et nous sommes de nouveau opérationnel pour le lendemain.

Crédits photos: Julien Pixel Rallye / Victor Bellotto

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C’est en feuilletant un vieux magazine de l’année 1994, que mon attrait pour le rallye a commencé. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que j’aperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rêver. Depuis, cette discipline hors normes à guider ma vie, sous différentes formes, et j’ai désormais la chance d’y travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.

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