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Jour 5 (Monte Carlo 2024): Etape 1 – Jeudi

Si le départ de cette 92ème n’aura lieu qu’en fin d’après midi en Principauté, il ne faut pas trainer pour venir à bout du programme de la journée. Seuls nous et Marc Duez / Jonathan Lemaire, l’équipage de la 0 spare, se rendent sur Monaco. Tout le reste de l’organisation reste en place sur Gap et profite du départ tardif pour aller reconnaitre les deux spéciales de cette première étape. Départ à 8h de Gap, en empruntant l’itinéraire bis via Seynes puis Digne pour éviter les blocages prévus par les agriculteurs du côté de la Saulce. Trente minutes de plus et une route moins roulante mais pas question de rester coincé dans des bouchons ou des barrages. On en profite pour récolter les dernières infos du côté de Bayons, si l’installation se passe dans le calme, s’il y a déjà du monde, et sans surprise c’est déjà bien plein à 9h du matin !

Nous arrivons sur La Bollène vers 12:30 et bouclons notre seul passage de recos de l’ES17 en à peine 20min. Un passage de contrôle sur une spéciale que nous connaissons par coeur et qui n’a pas changée d’un yota. Pour la première fois de ma vie, nous nous arrêtons pour manger au sommet avant de redescendre sur Monaco. A 13h et 1600m d’altitude il faisait 14°C … Manger en terrasse en plein mois de Janvier, peu banal et pas une trace de neige même à l’ombre bien cachée. La longue liaison vers le Moulinet et Sospel me rappelle l’édition 2014, ma première fois comme copilote sur ce mythe en compagnie de Guillaume Tardy, la fusée de la Haute Loire. Nous arrivons à la Brasca, la zone de stockage de toute le matériel et des véhicules de l’ACM à 15h, pour récupérer la #0 qui nous attend sagement. Autant dire que niveau timing nous n’avons plus bien de marge avant le départ. On se change en vitesse et on rempli le coffre de notre Yaris avec nos affaires que nous déchargerons à la TFZ de Digne les Bains.

Nous stationnons quelques minutes en Holding Area avant de patienter au Casino devant le podium. Le planning est millimétré, entre opérations promotionnelles, photos officielles, présentations diverses. On nous demande de ne pas partir avec nos 10′ habituelles mais avec 3 seulement sur Evans et Martin. Lorsque nous nous immobilisons sous l’immense structure, Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco nous sert la main et nous souhaite un bon rallye.

Et c’est parti. Une longue, longue liaison que nous connaissons trop bien pour arriver 2h45 plus tard du côté de Digne les Bains à la TFZ. Déjà un monde impressionnant autour du palais des congrés pour accueillir tous les concurrents. Pas de changement de pneus pour nous, mais quelques vérifications et surtout le refuel à la sortie. Ca serait dommage de l’oublier. Nous arrivons au départ de l’ES1 avec pas mal d’avance et Michelle Mouton est bientôt sur la ligne, prête à s’élancer à H-30′. Tout à coup, j’entends mon prénom à la radio, par Michelle justement. Fait rare pour que je laisse tout tomber et me diriger vers sa voiture. En fait, son GPS, le même que celui des concurrents, ne se rallume plus. C’est finalement en débranchant puis rebranchant la prise OBD que le bougre est reparti. Un petit peu de stress car c’est l’outil le plus important pour savoir avec précision à quel PK (point kilométrique) nous en sommes.

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Et ce n’est pas peu dire. Sans interruption, toute la caravane communique sur les points stratégiques, les personnes à faire déplacer car il y a beaucoup de monde et parfois peu de place. La 00, pilotait par Patrick et Magalie, retarde d’ailleurs son départ car des ambulances sont encore en train de se mettre en place. Lorsque je regarde ma montre et mon heure idéale, elle est déjà bien entamée mais on nous retient sur la ligne. Finalement nous n’aurons plus 10′ mais 8′ et 6′ décart avec la 00. Pas question de retarder le départ de la #33. De quoi nous remettre direct dans le bain. Nous finissons par lancer notre rallye et pas par n’importe quelle spéciale, Thoard – St Geniez. Même sans neige à Fontbelle, ce tronçon est un morceau mais un bon, un régal même dans notre position particulière. Nous filons ensuite sur THE place to be, l’ES2 de Bayons – Bréziers. On en parle depuis la publication du parcours de ces tourniquets de Bayons. Alors qu’il faisait 8°C sans vent au départ de l’ES1, le thermomètre chute à 0°C au départ de la 2 avec une petite brise et une certaine humidité. Cette fois la 00 part à son heure mais après seulement 2,45km, ils annoncent qu’ils se sont arrêtés à côté d’un spectateur qui s’est blessé à la main. L’organisation ne perda pas de temps et demanda au médecin du départ d’aller le récupérer et le ramener, chose qui d’habitude ne se font pas, par sécurité notamment.

Par peur des mouvements de foule durant cette interruption, la direction de course décide d’envoyer la 0 spare, donc un certains Marc Duez, 5′ devant nous puis le premier concurrent 10′ derrière. Une première. Nous avions la crainte de le rattraper mais il n’en fut rien. On parle de Duez qui a roulé durant ses jeunes années sans combinaison, alors ouvrir l’ES la plus stratégique du Monte Carlo au pied levé, rien de bien sorcier. A notre tour de nous jeter dans la gueule du loup. Les superlatifs manquent à force pour décrire ce moment suspendu très proche du départ dans cette cuvette. Vous êtes dans une portion à fond, il fait nuit noire puis à la sortie d’une second pont, la montagne s’embrase. Difficile de garder sa concentration et son regard sur tout ce public dans une telle effervescence. On a les larmes aux yeux (pas seulement à cause de la fumée des fumigènes) et les poils qui se dressent d’ouvrir cette marée humaine. Un privilège de le vivre de l’intérieur qui ne dure que quelques secondes, mais ce sont de belles secondes. Puis il faut se reconcentrer car au une fois arrivé au sommet, la transition est brutale: nuit noire, pas un chat, pas un bruit. Il faut attendre de nouveau quelques kilomètres pour retrouver une vraie ferveur. La spéciale a été compliquée avec un grip difficile à lire et très changeant, toujours sur des oeufs, dans le doute. On s’attend à une surprise derrière chaque ciel ou virage fermé. Mais mon pilote a assuré et nous pouvons cocher la case jeudi 25/01 une fois l’arrivée franchie.

De retour au service park, un rapide check des points à revoir et il y en avait beauoup, et des heures de rendez vous du lendemain. Finalement, l’équipe réussie à tout mettre en ordre assez rapidement et nous propose de remonter avec l’hôtel , ce qui sera un gain de temps. Ainsi s’achève cette première étape paradoxale entre longueur des moments de creux comme les liaisons et intensité brève comme à Bayons.

Crédits photos: Bastien Roux Photographie / Victor Bellotto

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C’est en feuilletant un vieux magazine de l’année 1994, que mon attrait pour le rallye a commencé. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que j’aperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rêver. Depuis, cette discipline hors normes à guider ma vie, sous différentes formes, et j’ai désormais la chance d’y travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.

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