Retour à l’auto-école

Lorsqu’on est pilote professionnel, le permis de conduire est de loin le document le plus précieux. Sans lui, impossible d’exercer votre métier sauf dans de rares exceptions comme en moto (sur circuit) ou en karting. Mais pour un pilote de rallye qui évolue aussi bien en spéciale qu’en liaison et donc sur route ouverte au milieu des autres usagers, la question ne se pose pas.
Pourtant, quelques pilotes célèbres ont réussi à prendre de l’avance avant leurs majorités comme Jari-Matti Latvala, Andreas Mikkelsen ou encore Kalle Rovanperä. Les deux premiers ont bénéficié d’une spécificité de la législation anglaise qui interdisait purement et simplement de bloquer une route à des fins sportives. Voilà comment le RAC Rally est né en empruntant des chemins forestiers privés. Latvala et Mikkelsen étaient donc autorisés à piloter en spéciale (ils avaient 17 ans) sur des chemins privés ne nécessitant pas de permis mais devaient laisser leur copilote prendre le relais en liaison. Pour le petit dernier Kalle, fils d’Harri, on est dans une autre dimension puisqu’il a fait ses débuts à 13 ans en Lettonie ! Là aussi sûrement grâce une dérogation spéciale et beaucoup de persuasion de l’entourage. Après 2 saisons en terre balte, il prit la direction de l’Italie à 17 ans pour courir face aux meilleurs pilotes transalpins là aussi sous dérogation et sous réserve que le copilote face la navette entre les spéciales et même en reconnaissance ! En ayant fêté ses 18 ans il y a 2 jours, il est désormais libre de toute paperasse pour exercer son métier sereinement.
Pourtant le sujet de cet article est encore différent. Toni Gardemeister, alors pilote officiel Suzuki en 2008, se rend au Japon pour participer à la manche la plus importante de l’année pour le constructeur japonais. Mais il est sans permis ! Non pas que celui-ci lui est était retiré après de multiples infractions mais tout simplement parce que le permis Monégasque dont il dispose à cette époque n’est pas reconnu par le gouvernement Japonais ! Il existe 3 cas pour vérifier la validité de votre permis au Japon:
- Cas 1: Si votre pays a signé « La Convention de Genève de 1949 » comme le Japon, un permis international + un passeport suffit.
- Cas 2: Si votre pays fait partie des 5 suivants: France / Belgique / Allemagne / Suisse / Taïwan votre permis international n’est pas reconnu par le Japon. En effet, il est conforme au modèle prévu par la Convention sur la circulation routière signée à Vienne le 8 novembre 1968, un accord que le Japon n’a pas signé. Celui-ci ne reconnaît que la validité du permis de conduire conforme à une convention antérieure, signée à Genève en 1949, qui n’est plus délivré en France. Il vous faut alors obtenir une traduction en japonais de votre permis (environ 50€) et présenter ce document ainsi que votre permis original et votre passeport.
- Cas 3: Si votre pays ne fait partie d’aucun des 2 cas précédents, vous ne pourrez pas conduire au Japon sauf si vous passez avec succès votre permis de conduire japonais.
Toni Gardemeister a donc du passer les tests écrits et pratiques du permis de conduire (en japonais), comme n’importe quel citoyen japonais, afin d’obtenir un permis temporaire valable 3 ans ! Voilà pourquoi, on voyait apparaître cet étrange logo ressemblant à un livre sur la vitre arrière de sa Suzuki SX4 WRC. L’histoire se termine bien, puisque l’équipe y a réalisé sa meilleur performance de l’année en terminant aux 5ème (P-G Andersson) et 6ème places (T. Gardemeister) pour son rallye à domicile. Finalement, Toni aurait peut être dû garder sa licence et son permis finlandais pour s’éviter toutes ces péripéties !
NDLR: Le permis monégasque a été réformé en Juin 2015 afin d’être en accord avec la convention de Vienne et donc rester valide dans la majorité des pays dont ceux membres de l’UE. Il est désormais dans le cas n°2 comme la France.
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hiringa25 Tout afficher
C’est en feuilletant un vieux magazine de l’année 1994, que mon attrait pour le rallye a commencé. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que j’aperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rêver. Depuis, cette discipline hors normes à guider ma vie, sous différentes formes, et j’ai désormais la chance d’y travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.