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A chacun son language – Partie #1

Début d’une nouvelle et longue série qui me tenait particulièrement à coeur: les notes. Véritable trésor des équipages, les notes en rallye représentent au moins 50% de la réussite en course et il faut du temps et de l’expérience pour en maitriser toutes les subtilités. Du travail de l’ombre pendant les reconnaissances, au recopiage fastidieux ou la mise au propre en passant par la diction et le choix du système, tout sera passé au crible par notre rédaction et de façon inédite. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, un peu d’histoire.

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La compétition automobile est presque aussi vieille que l’invention de l’automobile elle même, il y a donc plus de 100 ans. Au départ, le principe était de rejoindre deux grandes villes pour y promouvoir le tourisme et permettre aux riches aristocrates de relever de nouveaux défis. La première du genre serait probablement la course de Paris-Rouen en 1894. A cette époque, le faible nombre d’automobilistes permettent d’organiser ces épreuves sur routes ouvertes. Au début du XXème siècle et à mesure que la technologie et les performances progressent, les accidents graves se multiplient et les courses sur routes ouvertes peu à peu interdites. On assiste alors à la création de circuits spécialement dédiés à la course automobile et au balbutiement du rallye couru sur routes fermées (le mot est apparu en 1911 pour la première édition du Rallye Automobile de Monte-Carlo).

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Jusque dans les années 50, le parcours était divisé en tronçons, chronométrés à la minute et à parcourir à une vitesse moyenne déterminée, souvent impossible à respecter, sur routes ouvertes à la rare circulation. Il n’existait pas de championnat et chaque organisateur avait son propre règlement. Puis l’automobile s’est démocratisée et il fallu s’adapter. Le réseau routier en amélioration constante a diminué la valeur sportive des tracés habituels exigeants et les routes sont devenues de plus en plus encombrées par des usagers acceptant mal la confrontation avec des pilotes omnibulés par le chronomètre. On assiste alors à la naissance du rallye moderne que l’on connait avec ses épreuves spéciales chronométrées à la seconde sur une route fermée à la circulation et les secteurs de liaison à allure modérée pour rejoindre ces épreuves de vitesse.

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Au cours des années 1960 ont lieu les premières grandes transformations: les constructeurs et pilotes, dans une optique plus professionnelle de la course, tentent d’améliorer leurs chances de réussite en posant les bases de l’assistance (sujet d’un prochain reportage !). Ils organisent également des reconnaissances et inventent les notes dictées par les copilotes. C’est le français René Trautmann qui en sera l’instigateur. Né en 1927 et décédé à l’âge de 70 ans lors de l’apparition des premières WRC, « Le Roi René » comme on le surnommait, était un pilote professionnel qui a notamment couru pour Citroën et Lancia et qui a remporté deux fois le Tour de Corse et fut aussi champion de France en 1963.

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Alors que la vitesse remplaçait peu à peu la régularité, la mise au point d’un système permettant de rouler vite sans connaitre le parcours et en sécurité s’imposait. René Trautmann imagine donc un code précis, que le copilote traduit en inscriptions et signes personnels qu’il inscrit sur plusieurs carnets. Il doit ensuite lire ou plutôt chanter sa partition au rythme exact réclamé par le pilote. Celui-ci accorde une confiance aveugle à ce qu’il entend. C’est uniquement avec cela qu’il peut flirter sans cesse avec les limites de l’adhérence, qu’il est capable de choisir la bonne trajectoire, passer à fond dans un virage ou une crête en aveugle. Le succès en rallye dépend de la symbiose totale qui s’installe entre ces deux grands professionnels, de leur complémentarité, de leur complicité. Le copilote peut influencer le rythme de son pilote rien qu’avec l’intonation et ce dernier peut demander à son second de le pousser ou au contraire le calmer pour gérer au mieux sa course. Même si chaque voiture est suivie par une flopée d’ingénieurs, de mécaniciens et de spécialistes, le rallye reste un sport individuel mais c’est le seul qui se pratique à deux.

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Pour découvrir et apprécier au mieux l’évolution du système inventé il y a bientôt 60 ans par René Trautmann, nous allons partir à la découverte de copilotes à travers le monde qui vont nous partager leur travail et leurs secrets dans leur langue natale. Un voyage édifiant et je l’espère passionnant. Rendez vous donc pour la Partie #2 très bientôt.

Sources:

Wikipédia – Le Rallye

Wkipédia – René Trautmann

Livre « Rally » – Reinhard Klein

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C’est en feuilletant un vieux magazine de l’année 1994, que mon attrait pour le rallye a commencé. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que j’aperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rêver. Depuis, cette discipline hors normes à guider ma vie, sous différentes formes, et j’ai désormais la chance d’y travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.

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