Un saut dans l’inconnu (V.Sarreaud / Dakar 2019)

Certains pourrait y voir de l’inconscience ou de la folie. Lui le ressent comme une reconnaissance et une opportunité unique à ne surtout pas laisser passer. Valentin Sarreaud s’envolera le 3 Janvier prochain pour la capitale péruvienne afin de participer à son tout premier Dakar. Et à sa toute première course en rallye-raid tout court. Effrayant ? Non «reconnaissant» nous a t-il confié. Rencontre avec ce passionné touche à tout que nous accompagnerons dans sa découverte de l’inconnu au travers d’une série d’articles qui promettent d’être épiques.
Ce jeune gardois, originaire de Génolhac au nord d’Alès, exerce le métier de pompier professionnel au quotidien. Une profession adaptée à la pratique du sport automobile à haut niveau et logiquement bien représentée chez les copilotes:
« Le rythme de travail spécifique de ce métier (alternance de garde de jour et de nuit) me permet facilement d’anticiper mes besoins en temps pour copiloter à côté. Il faut bien sur s’arranger avec les collègues en amont pour que cela ne pose pas de problème sur l’organisation de la caserne mais ils sont compréhensifs. J’ai de la chance ! »
Il débute en 2007 en copilote avec un ami au Rallye de Vaison la Romaine et découvrira dès 2011 le Championnat de France Junior au côté de Dorian Nicolas ainsi que la terre à Langres à droite de Sébastien Guibert. L’année suivante, cette fois associé à Vincent Dubert, il participe au Citroën Racing Trophy mais surtout à 2 manches du WRC : le rallye de Finlande et d’Espagne. Il change alors de dimension :
« La Finlande reste un rêve pour beaucoup de passionné et je n’aurais jamais penser y participer si tôt dans ma carrière. Cela reste un souvenir et une aventure humaine fabuleuse. Les sensations ressenties dans l’auto sont encore difficilement descriptibles et je ne suis pas prêt de l’oublier. La charge de travail, la découverte d’un nouveau pays, l’utilisation obligatoire de l’anglais, tout cela a été compliqué à gérer mais nous étions parfaitement encadrés par l’équipe de Marc Amourette, Trajectoire Racing. »
Intégré à la filière Rallyes Jeunes FFSA en 2013, il est chargé d’accompagné Laurent Laskowski, le lauréat non licencié. Ils reconduisent leur association en 2014 mais Valentin ne résiste pas à reprendre une dose d’international en parallèle avec Quentin Giordano en Estonie puis au Wales. Ces tests grandeur nature passés avec succès permettront à Valentin de participer à son plus beau programme à ce jour : le WRC2. Sept manches mondiales dont le Monte Carlo à bord d’une Citroën DS3 R5 puis RRC à partir de la Finlande, un rêve. En 2016 et 2017, et malgré des propositions intéressantes, il décide de mettre un peu de côté le rallye pour se consacrer à sa vie de famille et son futur rôle de parent. Il parviendra tout de même à faire quelques belles piges avec Quentin Giordano, Julien Maurin et Jean Seb Vigion, toujours en R5 et en mondial.
Même si aujourd’hui les ambitions et les disponibilités ont évolué, Valentin a gardé sa soif d’aventure et de découverte et reste un passionné averti. Tantôt ouvreur, spectateur ou guide pour VIP, il profite de chaque opportunité pour rester actif dans sa passion. Pourtant fin 2018, il était loin d’imaginer qu’il participerait à l’une des courses les plus célèbres du monde :
« L’équipe LCR30 qui construit les buggys de la structure SRT, est basée à Monteils tout proche de chez moi. J’ai appris par un ami que le pilote corse Michaël Pisano cherchait un copilote et j’ai proposé mes services sans grand espoir à vrai dire. Le rallye-raid est vraiment une discipline à part même s’il existe des similitudes avec les rallyes traditionnels. Comme il cherchait plutôt un bon copilote, malin, costaud physiquement même sans expérience, je me suis dit que je n’avais rien à perdre. A quelques jours de la clôture des engagements, j’apprenais la bonne nouvelle. Cela représente beaucoup pour moi car au départ je suis vraiment un féru de Dakar depuis tout jeune, avant même que je ne découvre le rallye plus tard avec des amis. Le mois de Janvier représentait les dunes et les grands espaces et pas la neige et le froid du Monte Carlo. »
Pourtant le plus dur reste à venir. Valentin devra apprendre en quelques jours ce que certains mettent des années à assimiler et comprendre. Les règlements spécifiques, le rythme éreintant et surtout la navigation :
« Passé l’excitation d’avoir était sélectionné, j’ai rapidement était submergé par un tas d’émotions contradictoires. Est-ce que je suis capable de relever un tel défi ? Est-ce que je n’ai pas vu trop gros pour une première ? Et si la navigation ce n’est pas pour moi ? Cela ne servait à rien de vouloir trouver des réponses immédiatement. La première chose à faire était de lister toutes mes futures fonctions et tenter d’apporter à chacune, une méthode pour l’assimiler le plus vite possible. »
Impatient de découvrir la suite je suppose ? Nous aussi ! Désormais, vous comprenez pourquoi l’aventure que va vivre Valentin dans quelques jours nous a aussitôt interpellée. Ce n’est pas tous les jours qu’un copilote de rallye confirmé, se retrouve propulser sur le Dakar sans expérience de la discipline. Son travail de préparation accélérée, sa course et surtout son débriefing seront des sources d’informations inestimables pour ceux qui envisagent un jour de franchir le pas. Rendez-vous tout début 2019 pour le second volet de ce saut dans l’inconnu.
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C’est en feuilletant un vieux magazine de l’année 1994, que mon attrait pour le rallye a commencé. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que j’aperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rêver. Depuis, cette discipline hors normes à guider ma vie, sous différentes formes, et j’ai désormais la chance d’y travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.