Jour 5 (Mon Monte Carlo 2019)

6h30. La nuit fût courte et entrecoupée par ce satané rhume qui ne me lâche pas. Le départ de l’hôtel est programmé à 7h15 et je voudrais avaler quelque chose avant d’attaquer la journée.
6h50. François Xavier m’appelle alors que j’allais croquer ma première bouchée dans cette tartine mais il y a des priorités. J’attaque les notes tout en essayant de me restaurer entre 2 pages mais c’est peine perdue. Le côté positif c’est qu’à 7h12, nous en avons presque terminé alors j’embarque avec moi ce que j’aurais du petit déjeuner et on file au parc.
8h03. Paolo nous emmène devant le parc fermé pour récupérer notre carrosse. La température est « vivifiante » et tout le monde a déjà l’air bien éprouvé de la veille. Je profite de nos 10 minutes avant le pointage pour terminer les corrections que FX m’a envoyé en photo. Une technique qui aura un grand rôle à jouer pour la suite.
8h33. Nous pointons en sortie de parc d’assistance direction Valdrôme via son long routier. Après le refueling, il nous reste encore près de 68km pour rejoindre le départ. J’envoi donc un texto à nos ouvreurs pour leur dire que dès qu’ils sortent de la 4/7, il faut qu’ils m’appellent.
9h56. Nous avons réussi à boucler la seconde vague de correction mais nous avons appris peu de temps avant d’arriver au départ que la spéciale était annulée. Avec un peu d’avance pour le pointage, certains s’activent à changer les roues en prévision de la prochaine pour ainsi gagner du temps, ou en perdre beaucoup. La spéciale, même annulée, étant enneigée ou glacée à plus de 60%, mieux vaut garder nos clous.
10h17. Après un peu de retard nous nous élançons, en liaison donc, dans cette ES3/6. J’envois les notes afin de profiter d’un 3ème passage de reconnaissance et visualiser un peu mieux le chrono. Il faut faire attention aux spectateurs qui marchent sur la route et sont moins vigilants que d’habitude. Peu après le début du col, un des concurrents qui avait changer ses pneus se retrouve bloqué à moitié dans le fossé. Nous l’avons aperçu au tout dernier moment et n’avons pas pu nous arrêter.
11h17. C’est l’heure à laquelle nous devons pointer au départ de Roussieux-Laborel. Sachant que nous avons du rouler à allure modérée, que nous devons encore changer les pneus et faire le refuel, calculer nos chances de pointer à l’heure ! Nous ne perdons pas de temps sur le routier et je dois jouer les équilibristes pour réussir à garder mon road book sur une jambe, mon cahier sur l’autre et le téléphone dans ma troisième main pour visualiser les photos et écrire les corrections du dernier chrono. Heureusement que je suis du coin et que je connais à peu prés les routiers.
11h02. Nous sommes au refuel et je viens de terminer mon boulot de correction. Je n’arrive pas à joindre Paolo à temps pour le calcul de la quantité à rajouter alors je me fie à notre document de secours où est indiqué la quantité nécessaire pour faire la boucle. Au moment de ranger le pistolet, Paolo m’annonce « +32L » et je dois alors faire rajouter 2 petits litre au préposé à la pompe.
11h05. Il nous reste 12km pour effectuer le routier après avoir changer nos pneus, modifier les réglages, faire les pressions et nous casquer. On est large !
11h20. Nous prenons le départ de notre première spéciale de jour. Le rythme est meilleur que la veille mais la route est déjà très dégradée. La dernière partie est un champ de bataille et nous ne prenons pas de risque inutile. Avec le 25ème temps, nous remontons déjà de 7 places au général.
13h20. Nous en avons terminé avec cette première boucle et nous arrivons à la Media Zone. Après l’ES5 nous avons encore gagné 2 places au général et l’amélioration est clairement visible. Je donne vite la clé des acquis à notre ingénieur et je me dépêche de rentrer dans l’auto pour écouter nos ouvreurs.
14h03. Après une brève assistance de 33min, un bon risotto à la Ivan et un check de l’auto, nous sommes déjà repartis. Je voulais profiter une nouvelle fois de la longue liaison mais nous arrivons péniblement à nous joindre dans les derniers kilomètres. Alors je demande à FX de tout prendre en photo pour que je m’occupe de ça sur la prochaine liaison. Nous arrivons dans une zone blanche et aucun réseau ne perce ce vallon.
15h23. Nous sommes au départ de l’ES6 que nous allons faire pour la première fois. Le ressenti sur la neige est toujours compliqué pour Jean Michel qui ne « sent pas » l’auto et qui ne veut pas se faire surprendre. Par contre dès que j’annonce « sec », le rythme s’accentue et l’attaque est plus franche. La dernière partie rapide avant l’arrivée était plaisante et tend à nous rassurer.
15h39. A peine la ligne d’arrivée franchie que nous intervertissons immédiatement les pneus. Même gymnastique pour moi sur le routier que je termine à 5s d’arriver au refueling. Cette fois avec Paolo nous arrivons à discuter en direct ce qui nous fait gagner un temps précieux.
16h40. Nous en terminons avec ce morceau qu’est Laborel. Ça fait mal au coeur par moment d’entendre les chocs qu’encaisse l’auto mais elle résiste à la perfection. Nous avons éviter les crevaisons et les erreurs ce qui nous permet de conforter notre 24ème place. A l’arrivée, le clan Pascal et Bellotto est magnifiquement représenté et cela me fait un bien fou même si nous n’avons fait qu’échanger regards et sourires pendant 30s.
17h42. Au départ du dernier chrono, la nuit est quasiment là et la rampe que nous venons d’installer ne sera pas de trop. Il était très difficile de distinguer si les rails de goudron noir étaient du goudron mouillé ou de la glace pourrie. Résultat, un peu plus hésitant, toujours ce petit écart de setup et nous reperdons une place. Mais qu’importe. L’objectif était de se rapprocher du Top 20, de remonter au classement et surtout de prendre du plaisir.
19h54. La voiture est en parc, nous avons mangés, et je suis dans ma chambre en me disant que pour cette nuit au moins, je pourrais me coucher tôt. La journée a été éprouvante sur ce terrain entre les routiers, la gestion des ouvreurs et des notes, les 4 changements de roues, les refueling et surtout la concentration en spéciale. J’ai réussi petit à petit à m’adapter à ce que souhaitait Jean Michel en note, et même si je ne suis toujours pas satisfait, moi aussi je vais dans le bon sens. En tout cas le monde au bord des routes, sur le routier, dans les villages ou l’assistance est impressionnant ! De l’intérieur cela vous prend au trip et rare sont les endroits déserts. Et en plus avec une météo pareille quel régal !
22h45. La liste de départ vient de sortir et moi je vais dormir. A domani !
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C’est en feuilletant un vieux magazine de l’année 1994, que mon attrait pour le rallye a commencé. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que j’aperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rêver. Depuis, cette discipline hors normes à guider ma vie, sous différentes formes, et j’ai désormais la chance d’y travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.