Jour 5 (Rally di Roma Capitale 2019)

7h00. Bien que réduit, ce dimanche s’annonce long mais surtout déterminant. Avec un profil plus adapté à la Clio, nous avons encore toutes nos chances de remonter au classement. La bataille s’annonce donc intense. Nous débutons par le nouveau court chrono d’Affile et nous avons bien failli revivre la journée de la veille. Après un droite un peu optimiste au départ, heureusement sans conséquence, on heurte une bouche d’égout ressortie dans une corde. Le choc est violent et on s’attend irrémédiablement à crever, voir pire. A l’arrivée, nous réalisons notre 3èmescratch et on déplore seulement une jante cassée sans crevaison. Ouf.
10h40. Nous venons d’en terminer avec l’ES9 avec un troisième meilleur temps d’affilé. La voiture est très agile et les notes vraiment précises, c’est un régal de l’intérieur même si entre la chaleur et le rythme, c’est loin d’être évident. Au départ de Guarcino la fameuse, un arrêt de course nous permet de discuter et sympathiser avec le copilote de Ferraroti que nous avions affronté l’année dernière. Nous restons sur la même dynamique et alignons un quatrième meilleur temps en autant de spéciales. La remontée est en route et nous venons de passer 3ème au général.
14h38. Décidément, nous n’aurons quasiment jamais eu de regroupement, systématiquement cannibalisé par un arrêt de course. On enchaine avec une assistance éclair et nous voilà de nouveau en route pour le dernier tour de ce rallye. L’organisation a bien réagit à nos demandes et à rallonger les timings de liaison qui étaient ridiculement court. Nous stoppons notre Clio dans Affile à quelques centaines de mètre du départ lorsqu’on entend la voix d’une dame âgée qui vient d’en haut. Au début, nous n’y prêtons pas vraiment attention mais lorsqu’elle nous regarde droit dans les yeux, le téléphone dans une main et un torchon de l’autre difficile de l’esquiver. Pourtant c’est bien sa question qui nous laissa sans voix: « Vous voulez des pâtes ? » On se regarde avec Flo, interloqué, puis elle insiste. On décline poliment et elle renchéri avec le café ! Celle-là en tout cas on ne nous l’avait jamais faite.
15h47. Nous en terminons avec l’ES13 en continuant notre moisson de meilleur temps. Non content de conforter notre 3ème place qui était l’objectif de cet après-midi, on se retrouve en position de jouer la seconde place. Avec 11,75km et 13,3s de retard, la tâche s’annonce ardue mais pas impossible vu le rythme affiché. On se retrouve étrangement dans la même situation que 2018. Tâchons de ne pas reproduire cela à l’identique. Après un énième quiproquo avec les locaux qui nous prennent pour des italiens pur souche vu nos patronymes, il est temps de se placer sur la ligne de départ.
On avale les kilomètres avec la même concentration que le reste de la journée, sans trop cogiter et espérer que cela suffise. Il ne faut rien regretter. Cette fois nous franchissons bien cette fameuse arrivée et à mon chrono je sais déjà qu’on vient de faire le boulot. On passe deuxième mais avec une petite 1,7s d’avance. Tout va se jouer dans les deux super spéchiales de ce rallye. On en parlait le mercredi des reconnaissances que peut être le rallye se jouerait là. On aurait préféré que ce soit pour la première place.
18h22. Stoppé à la sortie d’un péage à quelques kilomètres de Rome, on attend qu’il y ai une quinzaine de concurrent pour rejoindre en convoi, Ostia, pour l’arrivée de ce rallye. Sur place dans la holding area, on profite de la petite demi-heure d’attente pour aller repérer les lieux. Mercredi, il n’y avait absolument rien d’installer et aujourd’hui tout change: un saut, les sorties étroites de virages, les chicanes. Pour ne rien arranger, on sera 4ème à partir donc impossible de savoir à quoi on aura à faire.
19h12. On débute par un 360° puis une chicane, une épingle et le fameux saut. Avec la Clio, nous arrivons vite, trop vite et la longueur réduite de la rampe nous propulse l’arrière dans la stratosphère. On s’envole, le choc est violent et on file roues bloquées contre la chicane. Je ne peux retenir ma colère alors que Florian tente de redémarrer. Les spectateurs sont en furie et je commence déjà à ranger mon cahier, persuadé qu’on a éclaté la direction voir plus. Après de longues secondes, la Clio finit par repartir et on termine ce cauchemar. Pour moi, nous, le podium est fichu voir plus. Et pour couronner le tout, des problèmes de temps nous laisse dans l’inconnu.
19h20. Pour le second passage, on s’intercale entre ceux qui attaquent leur premier. Le commissaire me tend mon carnet avec 19h19 et il est 19h19″35s ! J’ouvre la porte, fait de grands signes et il me dit « Ma cé bon, c’est dans 30s ». Ah … C’était plutôt 10s et on part pour en terminer pour de bon. Le saut est cette fois négocié plus en douceur même si l’atterrissage ne l’est pas. Voilà, on en finit avec ce Rally di Roma Capitale mais cet événement nous gâche une journée de folie dont je me souviendrais. On patiente deux bonnes heures et les résultats ne sont toujours pas rectifiés. Après nos calculs, on est sûr de finir au moins 3ème mais ils nous comptent 1min de trop. Alors patience.
22h34. Nous venons de passer sur le podium en ERC3 après de nombreuses tractations avec la FIA et Eurosport. Même si le résultat est très important pour le championnat et qu’on aura fait parler de nous toute la journée, il reste un goût amer après tous nos efforts. Après coup, je m’en suis un peu voulu d’avoir était si dur avec Florian mais je restes un compétiteur, entier et je voulais que cet événement nous marque tous les deux. Avec la pression, la tension, l’envie d’accrocher ce résultat, vous n’avez pas vraiment de filtre et le côté impulsif parle des fois trop vite. Pour retenir le positif, avec 11 scratchs sur 16 possible, on avait la vitesse de pointe pour rééditer la performance des Canaries et remonter au classement de l’ERC3. La voiture a encore une fois tournée comme une horloge grâce au sérieux de Frédéric Anne Comptétition avec Sylvain, Philippe et Daniel, la présence de Daniel Giroud de R.Tec Suspension nous aura permis de jouer devant tout au long du rallye de même que les conseils de Michelin Motorsport. Un peu de repos au frais si on y arrive et rendez vous au Barum mi-Août pour un rallye qui s’annonce comme le rendez vous de l’année.
Sources:
Photos: Sixième Degrés (Erik Agostinelli) / Victor Bellotto
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C’est en feuilletant un vieux magazine de l’année 1994, que mon attrait pour le rallye a commencé. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que j’aperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rêver. Depuis, cette discipline hors normes à guider ma vie, sous différentes formes, et j’ai désormais la chance d’y travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.