Au bout de la nuit (Jour 5 / Dakar 2022)

Spéciale 4: Al Qaisumah > Riyadh/ Liaison > 707 km – Spéciale > 465 km
Valentin nous l’avait annoncé hier, cette spéciale était un véritable mastodonte et tous les équipages ont du se couucher hier avec l’appréhension du réveil. Un chrono redouté qui affichait pas moins de 465 km. David Castera avait annoncé le tempo hier soir au briefing, il s’agissait d’une valse à trois temps. Une première section de 40 km avec de nombreuses intersections en Y, qui pouvait donner des nœuds à la tête, avant de passer à la zone de dunes du jour, puis une fin de spéciale annoncée comme « plus technique ». Et avec 80% de terre, parfois copieusement humide, tel le lit d’oued rencontré en fin de spéciale, il y avait plus à perdre qu’à gagner entre Al Qaisumah et Riyadh.

» On pourrait comparer les étapes précédentes à des étapes de transitions tellement celle-ci était d’une autre dimension. Sur le routier, on s’est aperçu que le buzzer de notre système sentinel ne fonctionnait plus et on a craint qu’ils nous refusent le départ. Finalement, une tape un peu franche sur le boitier et tout est rentré dans l’ordre ! On roule vraiment bien avec Bruno sur les 144 premiers kilomètres, sachant que nous pouvons enfin exploiter la VMax et poser notre regard ailleurs que sur la courroie. Et heureusement. C’était très difficile nerveusement sur ces longs plateaux gravilloneux et ultra rapides où il y a des pistes par centaines. Les concurrents devant coupent aisément et il ne faut pas relâcher une seconde la concentration sous peine de se perdre imméditamment car les caps et les distances changent en permanence. A cela, vous ajoutez de grandes saignées et des ornières qui peuvent à tout moment, vous fracassez l’auto et vous comprenez notre fatigue mentale. Arrivés dans le parechoc du #462 de Patrice et Jérôme nos coéquipiers à la première neutralisation, nous n’étions pas mécontent de déconnecter. Nous avons eu le même sentiment de dangerosité permanente sur cette section. Oui c’était parfois limite. «

Dans un très bon rythme, Bruno et Valentin assure un peu plus jusqu’aux premières dunes, vécues comme une presque délivrance:
» Cette fois, on accueille les premières dunes comme une délivrance, pas au niveau de la navigation mais certainement par rapport au terrain et à la vitesse moyenne plus raisonnable. Certaines dunes étaient de vraies montagnes, impressionnantes. Ce relâchement n’aura d’ailleurs pas été bénéfique pour moi puisqu’on se laisse écarter du cap idéal en suivant de mauvaises traces et nous jardinons 10min avant de retrouver, un peu par chance, le bon chemin. On arrive à la seconde neutral, encore avec Patrice et Jérôme à 17h30 et nous en repartons à 17h50, de nuit. C’est là que ça se corse. Il était déjà délicat de s’y retrouver de jour, mais dans le noir, c’est une véritable prouesse avec la visibilité faible et la poussière des concurrents devant. Si en plus la boue vient s’ajouter à ce mauvais duo, on est pas sorti du sable ! L’essui-glace nous étale la boue et nous sommes obligés de nous arrêter pour verser notre eau des camelbacks et tenter d’y voir plus clair. Il faut être hyper attentif pour rentrer par le bon côté dans ces wadis (les oueds) et ressortir aussi par le bon. Nous aurons mis plus d’1h30 pour effectuer les 90 derniers kilomètres, on en voyait jamais la fin mais nous sommes à bon port et heureux. »

L’essentiel est là car un paquet de concurrents sont encore dans la spéciale ou rentré au bivouac à la tirette. De retour auprès de leur équipe à 21h, ils s’attendaient à mettre bien plus de temps et s’apprêter à passer une courte nuit:
» Dans les points positifs, c’est évident qu’être de retour à une heure convenable est une belle satisfaction. Côté mécanique aussi c’est un soulagement que nous devons à notre super équipe de mécanos d’Ydéo Compétition: le changement de variateur a réglé nos soucis de courroie (pas un seul changement) et donc aussi de vitesse puisque nous exploitons enfin le potentiel de notre Can-Am. Nous sommes toujours en course, en bonne position et surtout l’ambiance est toujours excellente. Bien sûr il y a des tensions, de la fatigue, des doutes mais jamais l’un envers l’autre et ça c’est très important. Merci à tous pour tout votre soutien et vos messages, on vit un rêve. »

Le duo remonte à la 33ème place au classement général de la catégorie. Encore deux jours avant la journée de repos.
Spéciale 5: Riyadh > Riyadh / Liaison > 560 km – Spéciale > 346 km
Les détails ICI
Sources:
Photos: Valentin Sarreaud
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C’est en feuilletant un vieux magazine de l’année 1994, que mon attrait pour le rallye a commencé. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que j’aperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rêver. Depuis, cette discipline hors normes à guider ma vie, sous différentes formes, et j’ai désormais la chance d’y travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.