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Résilience (Jour 12 / Dakar 2022)

Spéciale 11: Bisha > Bisha / Liaison > 501 km – Spéciale > 346 km

L’avant-dernière spéciale du Dakar a reçu les éloges « del Matador » : « des herbes à chameaux, des dunes, encore des dunes, de la pierre, du lit de rivière, c’était très complet et difficile à ouvrir ». Une boucle Bisha-Bisha qui prenait le cap plein Nord pour pénétrer la Province de la Mecque avant de faire demi-tour pour revenir dans l’Asir, à l’extrême Sud-Ouest du Royaume. « L’étape la plus dure de ce Dakar » synthétisait à son arrivée le motard Pablo Quintanilla.  Quand on vous dit que rien n’est jamais fini avant le podium final, et ce n’est pas nos deux compères du #464 qui nous contrediront:

 » Par où commencer ? Dire que c’était une spéciale dantesque est un euphemisme. Certainement la plus dure de tout le rallye aussi bien à cause du terrain que de la navigation, sans oublier une visibilité quasi nulle et près de 15 jours de course qui commencent vraiment à peser. Comme d’habitude, nous débutons très bien malgré les immenses dunes de niveau 3 et toujours notre appréhension pour les franchir. On bosse bien, on est concentré jusqu’au CP1 au km127. Dix kilomètres plus loin, nous arrivons sur un cordon de dune et au moment de franchir la seconde, un bruit effroyable dans l’habitacle et immédiatement plus de traction. On sait instantanément que c’est grave. Je vais voir devant, pas de soucis de cardan, d’arbre longi’, on essaye de se mettre en 2 roues motrices, de passer la marche arrière, idem. La soucape peut être ? On appelle Jean Seb’ Vigion par le téléphone satellite qui nous rassure sur le fait que le camion est au CP1 donc très proche. A ce moment, Patrice et Jérôme qui étaient devant reviennent sur nos talons, ils cherchent un moment avec nous puis repartent. Planté sur ma dune avec le téléphone, en discussion avec les mécanos et Jean Seb’, ils me ramènent à la réalité en me préparant à ce que le camion ne puisse pas réparer sur place car il a d’autres clients et l’impossibilité de s’immobiliser très longtemps. Ce qui voudrait dire l’abandon ou du moins non finsihers. Mes yeux commencent à briller, ma gorge se noue, je vois la médaille promise à mes 3 amours s’éloigner, c’est dur, très dur. »

C’est à ce moment que Valentin aperçoit Benoit et Jérôme au loin qui reviennent également dans leur direction:

 » Ils étaient parti devant mes les voilà aussi à nos côtés. Jérôme qui est très bon mécano et qui connait parfaitement ces engins, termine le diagnostique et arrête son choix sur la boite. Avant de repartir, il a le réflexe de faire les calculs qui pourraient tout changer: « Avec le décompte de WP, il t’en reste 4 pour atteindre les 40% et ainsi rester en course, sous réserve de passer la ligne d’arrivée aussi en course. » L’espoir renait et nous avons l’objectif de la journée. Ils nous quittent et c’est enfin le camion d’assistance qui déboule. Patrice saute du tracteur encore roulant et confirme très vite le problème de boite: « C’est bon on a une boite, c’est parti ! » En quelques minutes tout est démonté,une machine de guerre. Le chauffeur descend les pièces, Bruno se transforme en commis de luxe en distribuant les pièces d’un côté et en rangeant les autres et nous fait gagner un temps précieux. Moi j’assiste le magicien. On a envoyé comme jamais, on s’est donné pour encore croire à notre rêve (la vidéo c’est ici). Bruno qui s’est transformé en copilote nous indique que nous devons être au refuel au km 220 à 19h40 maximum pour ne pas être hors course. Il reste 90km et il faut compter au moins 2h: à 17h30 nous devons être parti. Après un rapide test, nous voilà de nouveau dans le bon sens à 17h15. Nous n’avions plus le choix que de faire du grand Mendès malgré la poussière et le fesh fesh, 1m de visibilité tout au plus. Nous n’avions plus rien à perdre. Nous franchissons la DZ à … 19h15 ! Soulagement !  »

 » Là bas, on y retrouve notre camion qui a contourné les dunes par la route. Nous avons 2 options: terminer les 100km de chrono en moins de 4h pour ne pas être hors course ou effectuer 150km par la route et remonter à l’arrivée pour la franchir en course et rester finisher. On ne réfléchi ps longtemps et on opte pour la sagesse surtout après les commentaires sur ce qui nous attend, surtout que le camion ne fera pas la dernière partie à cause des grandes dunes. Nous serions livrés à nous même cette fois. Nous voulons mettre un point d’honneur à terminer en course alors la question ne se pose pas. Nous sommes rentrés très tard ce soir mais nous l’avons fait. Merci à tous ces mécanos, nos coéquipiers, ces machines de la mécanique qui une fois encore, nous permette d’espérer atteindre le podium final. Plus qu’un dodo-sable mes amours, on l’aura cette médaille. »

Au premier plan les mécanos Ydéo Compétition. Derrière les copilotes et en rouge et noir, nos St Bernard de la piste avec qui on a changé la boite en 2h dans le désert…

Spéciale 11: Bisha > Jeddah / Liaison > 680 km – Spéciale > 164 km

Les détails ICI

Sources:

Photos: Valentin Sarreaud

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C’est en feuilletant un vieux magazine de l’année 1994, que mon attrait pour le rallye a commencé. Il aura pourtant fallu attendre le Monte Carlo 2000 pour que j’aperçoive en vrai ces autos et ces pilotes qui me faisaient tant rêver. Depuis, cette discipline hors normes à guider ma vie, sous différentes formes, et j’ai désormais la chance d’y travailler au quotidien comme coordinateur sportif et copilote.

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